Maisons fantômes, maisons poussières, l’enfance est un monde sucré et cruel qui se pare de murmures d’ange, souffles d’amour mais aussi  de crucifixions, de folie humaine…ces oxymores de l’univers de l’enfance, Chicoy s’en empare dans ses peintures « mémoires » et ses peintures « corps » . Elle tresse ses images en prenant toutefois la distanciation nécessaire pour que très vite n’émergent qu’une sensation, une évocation.

Sa peinture,  apparemment colorée et légère, esthétique, séduisante, dévoile d’autres mondes plus inquiétants et plus sombres voire cruels pour qui va derrière le miroir, chercher ce que révèlent  ces belles histoires de l’enfance, ou la sensualité et l’abandon d’un corps .

Cette ambivalence se retrouve dans les choix picturaux de l’artiste qui travaille ses nus comme un paysage abstrait où seule la ligne prime, brouillant l’évidence du sujet en le suggérant.  De la même façon, elle parsème ses toiles de dessins dans un esprit lyrique, poétique et introduit soudainement des éléments géométriques, bandes et stries , comme pour contenir tous ces démons sortis de la boîte de Pandore de l’imaginaire de l’artiste.L’enfance n’est-elle pas peuplée de fées autant que de monstres ?

Progressivement,  l’exubérance des couleurs, des lignes laisse place à une forme de minimalisme, à une construction rigoureuse et sobre,  à laquelle s’apposent dans une écriture gestuelle très libre,  des collages, graphismes,  ou des tâches flottant entre deux  rectangles ou carrés .  Les deux visages de l’enfance. Et de l’artiste, éternel Janus.

Brigitte Camus (consultante artistique- auteur).